Chili-Argentine nord : la cordillère

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Après avoir bien profité de la Patagonie, j'ai eu envie de traverser les Andes beaucoup plus au nord. Elles y sont très différentes, beaucoup plus hautes, et je voulais m'offrir un dernier col digne de ce nom.

De passage à Santiago, je casse une pièce indispensable mais spécifique aux vélos couchés donc introuvable... Je déniche un magasin qui vend des chutes de métal, et sur le trottoir j'essaye de tordre des chutes pour me fabriquer une pièce qui pourra me dépanner. Un employé m'aborde et me propose d'utiliser l'atelier du magasin, d'autres employés viennent me donner un coup de main. J'en ressors avec une belle pièce, et je prie pour qu'elle tienne le temps que j'atteigne Buenos Aires...


Après une journée de vélo j'atteins Los Andes, point de départ du dernier grand col de mon voyage. Ici le soleil est de plomb, et je me félicite de m'être acheté un chapeau traditionnel chilien qui me protège efficacement.
A peine sorti de la ville, la roue arrière sort de son emplacement. Je dois alors décharger mon vélo, vérifier l'état du moyeu, remonter la roue, puis recharger mon vélo. Je repars mais rebelote, la roue se désaxe à nouveau. Je renouvelle l'opération qui demande un certain temps, toujours sous un soleil de plomb.

Petit à petit je rentre dans les montagnes, les paysages sont très secs. La route, bordée de cactus, monte tout l'après-midi. En fin de journée j'atteins la seule ville sur le chemin du col. Je me faisais un peu de souci, mais j'y arrive avant la fermeture des magasins et je peux m'approvisionner sans problème.
 


Le lendemain, la veille de Noël, la route continue de monter toute la journée. Les paysages sont de plus en plus rocailleux. Je passe par une paroi abrupte où une vingtaine de virages en épingle s’enchaînent. Les voitures qui passent me klaxonnent et me prennent en photo. A deux reprises la roue arrière se désaxe, et la réparer me demande un certain temps....





En fin de journée je campe à 3150 m. A cette altitude l’eau bout à une température plus basse, et les pâtes nécessitent un temps de cuisson plus important. Pendant la nuit je ressens les effets de l’altitude et je dors moins bien, mais sans que ce soit trop marqué heureusement.

Le lendemain, le jour de Noël, je poursuis l’ascension du col. Il me reste une dernière portion de 700 m de dénivelé qui n’est pas goudronnée. Mais la piste devient rapidement impraticable : elle est partiellement recouverte de sable, et comme tout le poids est à l’arrière de mon vélo, je dérape et je m’embourbe en permanence. Je dois alors descendre de mon vélo et le pousser jusqu’à une zone moins ensablée. A certains endroits, je mesure une épaisseur de sable de 6-7cm ! Entre le poids, la pente, et le revêtement, je galère !



Ici en montagne, le soleil est très fort et j’ai du mal à m'en protéger : le vent souffle de manière irrégulière et mon chapeau s’envole. Comme la montée dure beaucoup plus de temps que prévu, je tombe à court d’eau. Par endroits de petits filets d'eau provenant de la fonte des neiges coulent à flanc de paroi, mais ils sont chargés de terre. L'un d'eux est relativement clair, je rempli ma bouteille.


Finalement, après quatre heures d’effort pour seulement 700 m de dénivelé, j’atteins le sommet. Mon GPS indique 3870 m. Quelle satisfaction ! Le point de vue sur les montagnes avoisinantes est une belle récompense, et je m’offre une séance photos souvenir.




Il est 12h, mais comme je n’avais pas prévu que cette dernière montée me demanderait autant de temps, je n’ai rien prévu à manger. J’entame donc la descente à la recherche d'un repas. La descente est fabuleuse. Raide et avec un vent de dos, je roule à 50-60km/h de moyenne. Malheureusement pour moi nous sommes le 25 décembre, et les quelques magasins des rares villages sur le chemin sont fermés. Dommage, pour ce repas de Noël je jeûnerai… La première ville se trouve à 90 km, mais à cette allure je compte y être en deux trois heures, donc je ne m'inquiète pas pour le repas du soir.

Les paysages sont vraiment magnifiques. Les montagnes ont des couleurs incroyables, très minérales : ocre, rouge, vert, noir, gris, jaune… Elles défilent le long de la route et donnent l’impression de s’enchaîner à l’infini.




Malheureusement pour moi le vent tourne, il est maintenant de face et contre l’effet de la pente… Après cette montée, c’est une frustration de ne pas pouvoir profiter de la descente, et je commence à douter de pouvoir atteindre la ville avant la nuit... Je n’ai qu’un peu de riz  à manger, pas d’eau, et je ne croise ni village ni rivière… Je pousse autant que je peux mais en fin de journée, épuisé, la nuit tombant, je suis contraint de m’arrêter. Je demande de l’eau aux voitures qui passent, et pour mon dîner de Noël je mange du riz saupoudré de curry…


Le lendemain matin, toujours le ventre vide, je reprends la route. Arrivé à la ville que je n’avais pas réussi  à atteindre la veille, je m’offre un petit déjeuner de roi ! Je passe le reste de la journée à me reposer dans un café. Entre le col, le manque de nourriture et l’insolation, mon corps est  à bout… Je ne fais pas un kilomètre de plus de la journée, et je passe la nuit dans un camping.

Après une nuit réparatrice, je reprends la route. Je descends presque toute la journée, mais aujourd’hui encore le vent souffle contre moi et atténue l’effet de la pente. Le soir je suis hébergé par Nacho, l’excellent ami d’un excellent ami. Je suis très bien reçu par sa famille, c’est un grand plaisir de passer quelques jours en leur compagnie, et de pouvoir y reprendre des forces après cette traversée des Andes.

Entre l’ouest et l’est de l’Argentine se trouve la Pampa, une étendue sans relief, presque sans végétation et très peu peuplée qui s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres. Plutôt que de perdre du temps à la traverser à vélo, je décide de prendre un bus et de mettre à profit le temps gagné pour faire un détour par l’Uruguay. Au lieu d’un désert, je pourrai découvrir un nouveau pays et profiter un peu des plages.

Après une nuit de bus j’atteins le fleuve el rio parana, de l'autre côté de la Pampa. Il n’existe que très peu de ponts permettant de le traverser, un se trouve dans cette ville mais malheureusement des gendarmes m’interdisent de le traverser à vélo… Comme le pont suivant se trouve à 200km, je tente le stop. A la fin de la matinée, pas une voiture ne s’est arrêtée… Je me rends donc à la gare routière, mais nous sommes le 31 décembre et aucun bus ne circule l’après-midi. Je retourne donc au pont, j’essaye de convaincre les gendarmes qui ne veulent rien entendre, et à défaut je retourne essayer le stop. A la fin de la journée, malgré le fait que beaucoup de gens roulent en pick-up ou en camionnette, personne ne s’est arrêté… Quel égocentrisme ! Après une journée passée sur le bord de la route à voir les voitures passer, je ne suis pas de très bonne humeur… Je retourne en centre ville pour m’acheter un billet de bus pour le lendemain afin de pouvoir traverser ce pont, puis je me rends au camping municipal. Sur le chemin, la roue sort trois fois de son emplacement, et comme les jours précédents, je dois  à chaque fois démonter mes bagages, vérifier l'état du moyeu, remonter la roue, puis recharger mon vélo. Arrivé au camping, j'apprends qu'il est fermé pour le réveillon… Le gardien appelle sa chef pour lui demander si je pourrais exceptionnellement y dormir, elle refuse, mais il est adorable et me laisse quand même entrer à condition que je parte tôt le lendemain matin. Je peux lire sur son visage qu’il est tout heureux de me rendre service. Après une journée démoralisante, il me remet de bonne humeur !


Le lendemain, après un départ difficile (bus annulé, attente de plusieurs heures, refus d’embarquer mon vélo), je traverse finalement ce maudit pont. Une fois de l’autre côté je poursuis ma route, et je suis ravi de remonter sur mon vélo après quelques jours de pause. En fin de journée j’installe ma tente, et comme d'habitude je me présente aux voisins. Un peu plus tard, pendant que je prépare mon repas, je reçois la visite d’un policier que les voisins ont alerté… Quel contraste avec l’accueil qui ma été réservé en Asie ! Je dis poliment au policier ce que je pense de leur hospitalité, il est tout désolé, tente d’excuser les voisins, m’invite à venir dormir et prendre une douche au commissariat. Mais je suis en train de cuisiner, j’ai planté la tente et il fait nuit, donc je décline en le remerciant.

Le lendemain mon timing est optimal. Une énorme averse orageuse avec de fortes bourrasques de vent s’abat d’un coup sec au moment même où je traverse la seule ville de la matinée. Je m'abrite et je repars un peu plus tard. Le temps est toujours maussade, pluvieux, mais sans commune mesure avec la tempête précédente.


Le jour suivant les paysages sont monotones et j’ai du vent de face. C’est le sixième jour pénible d’affilé, et j’en ai assez… Heureusement je tombe sur une boutique qui vend du fromage, de la confiture, du saucisson et de la dulce de leche* artisanaux, c’est du bonheur !
(*sorte de caramel au beurre salé délicieux et dangereusement addictif que l'on trouve partout au Chili et en Argentine)

Le soir je rencontre des Argentins très sympas avec qui je discute un moment, et un peu plus tard les voisins de mon site de camping m’apportent une pizza pour mon repas du soir ! Adorables ! Le lendemain je dois quitter l’Argentine pour l’Uruguay, et après ces quelques jours pénibles, je suis content de quitter ce pays que j'ai beaucoup aimé sur une bonne note.

Diaporama Chili



Diaporama Argentine

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